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LE DESIGN PAYSAGER

1 - Un atelier de design paysager
pour les particuliers


2 - Une tentative de conceptualisation
du design paysager


3 - Une exploitation publicitaire
du concept de design paysager


4 - Un projet de design paysager
à l'échelle de la ville

UNE TENTATIVE DE CONCEPTUALISATION DU DESIGN PAYSAGER

Communication de M. Kamal Ifticen, architecte-paysagiste
Workshop "Vies de Villes", 28 janvier 2008
Design & aménagement d'intérieur

paru dans la Vies de Villes • Numéro 12 (juillet 2009)

Le design paysager est par définition l’interférence qui existe entre l’architecture et la nature, c’est le domaine où l’on a recours à un outil conceptuel extraordinaire qui est la vivacité des plantes qui confèrent à la conception le dynamisme et la flexibilité tant recherchés par le concepteur. La conception paysagère réussie est essentiellement simple, adaptée à sa finalité et répond aux objectifs qui lui sont insinués. Les beaux jardins fonctionnels montrent ces qualités de base et mettent en évidence la capacité subtile et instinctive du designer à les intégrer dans le cadre bâti ainsi que dans l’environnement dans lequel il intervient. En plus de cela, pour une nouvelle conception, certains facteurs pratiques doivent être pris en considération. Le plus important est le fait que nous opérions dans un monde où les nouvelles technologies, nouveaux matériaux, en plus des idées originales, arrivent continuellement sur le marché, ce qui affecte directement le paysage et l’environnement dans lesquels nous évoluons. En fait, il affecte aussi tous les domaines de notre vie quotidienne.  On n’a qu’à observer aujourd’hui l’importante gamme des matériaux de revêtement, de produits d’ornement, de mobiliers urbains et d’espèces végétales (même les plantes exotiques) disponibles dans n'importe quel espace de vente spécialisé et pépinière, pour voir comment cette surcharge, qui est l'antithèse de toute conception, peut facilement devenir une problématique. Nous sommes en réalité influencés par tout ce qui attire notre regard et ce n’est pas étonnant de constater, dans de nombreux jardins de nos villes, des compositions de masses minérales et végétales comprenant divers matériaux et variétés de plantes, mises en place dans des "bouts de style" différents (si style il y a ?!), le tout produisant un contraste dramatique, en oubliant souvent que ce qui est simple est sans doute meilleur et beau. La problématique est en fait historique. En Europe, dans un passé très récent, on composait avec la végétation et les matériaux locaux afin de produire des compositions harmonieuses, équilibrées, homogènes et surtout dotées de caractère, voir de cachet propre à la localité et à la région. C'est le respect à la fois de l'environnement bâti et naturel qui a fait que la majorité des jardins de cette période soient aussi beaux et agréables. Mais, de nos jours, le développement des échanges et des moyens de communication a permis le déplacement rapide et facile, aussi bien celui des personnes que celui des objets. En conséquence, une belle pierre ou une brique faite à la main dans une certaine région du monde peut finir dans un jardin situé dans une région opposée, et même si cela peut paraître beau dans son contexte (voire dans son absolu), il peut être en réalité incommode et inapproprié par rapport à l’environnement et aux matériaux locaux traditionnels qui lui sont jouxtants. La confusion relative au choix d’un style ou d’un type d’aménagement nous renvoie souvent vers une source d’inspiration à travers des clichés d’images de scènes vécues lors de nos voyages, ou à travers des revues spécialisées. De ces clichés, nous reproduisons des idées de conception qui ont laissé une forte impression sur nous et cela élargira en fait notre gamme de choix conceptuel relatif aux couleurs, aux formes, aux matériaux, aux plantes et aux effets. C’est une influence très forte qui nourrit et charge notre subconscient. Il ne sera jamais souligné assez que la règle principale (d’or) d’un bel aménagement paysager demeure la simplicité et la pertinence de sa finalité, adapté au respect de l’environnement et intégré à son cadre bâti. Cependant, la vaste gamme de matières végétale et minérale disponible ne peut être qu’un bonus, tant que ces dernières sont soigneusement choisies pour complémenter l’aménagement ou pour lier entre eux les objets déjà existants dans le jardin et ceux à créer. On peut certainement mélanger différents matériaux et diverses plantes, mais pour le faire efficacement et avec subtilité, il faut comprendre leurs caractéristiques et comment ils peuvent être compatibles les uns avec les autres. Cela a un rapport avec l’instinct d’exactitude qui est l’un des outils majeurs d’un bon designer. Avant d’entreprendre tout aménagement paysager, il faut s’abstenir de réfléchir au jardin en premier lieu en dehors de son contexte et commencer plutôt par l’étude de l'environnement naturel et bâti, l’analyse du sur et sous-sol (environnement climatique et ph de la terre), l’étude socioculturelle, l’analyse des styles architecturaux environnants, la connaissance parfaite des matériaux et des plantes devant les accompagner et autant de disciplines que possible. Il est utile de rappeler que plusieurs grands architectes, à l’instar d’Edwin Lutyens ou Frank Lloyd Wright, étaient des designers complets. Leur génie leur a permis de créer, non seulement l’architecture, mais aussi le paysage, les meubles, les revêtements de sol, les couverts et tout le reste pour qu’ils soient compatibles et harmonieux avec un environnement particulier. Dans certains cas de figures, les choix sont évidents. Il est incommode de penser à mettre des revêtements en carreaux de béton bleu, rose et vert à l'extérieur d'une bâtisse en belle pierre. Le choix logique serait une pierre semblable ou un gravier correspondant, selon ce qui est utilisé localement ou bien, peut-être, un tapis de pelouse naturelle comme support végétal neutre. Tous ces matériaux, comme ils appartiennent à la même famille génétique et visuelle, sont harmonieux ensemble. Mais les véritables problèmes surgissent quand il n'y a pas une forte identité locale, par exemple dans un nouveau lotissement ou dans un milieu urbain où le cadre bâti témoigne de la présence de divers styles architecturaux coexistants, appartenant souvent à des époques historiques différentes. Et même là, il y aura bien évidemment des indices et des orientations. A titre d’exemple, une architecture en béton avec des couleurs discrètes pourrait être excellente avec un pavage de granite sombre, un gravier de carrière gris, mieux encore, avec un couvre-sol végétal en gazania à feuillage argenté ; un sombre patio ou jardin d’intérieur dans un milieu urbain peut être réussi en étant revêtu avec des gravillons blancs réflecteurs renforcés d’objets d’ornements et d’une présence d’eau comme point focal, le tout entouré de pots en terre cuite, voire en acier inoxydable contenant des arbustes, des géraniums ou des fougères comme cadre de la fresque. Dans les petits jardins, où l'espace est souvent visible en sa totalité, le processus créatif doit être particulièrement restreint, pour veiller à ce que les différents éléments qui le composent soient tous du même genre. Dans un jardin à plus grande échelle, l’espace pourrait être subdivisé en sous-espaces, chacun avec un thème ou un caractère différent. Et même dans ce cas, le concepteur doit penser à une large vue d'ensemble sur l’aménagement tout entier pour assurer que les différentes composantes s’harmonisent entre elles et s’intègrent avec le plan global, selon un parcours séquentiel et des éléments de rappel. Beaucoup d’architectes sont parfaitement compétents à planifier l'intérieur de leurs créations architecturales et possèdent le bon sens artistique, formel et fonctionnel, mais leurs idées, souvent, tombent à l'eau une fois qu'ils sont confrontés à l’espace extérieur. C'est principalement parce que la plupart d'entre eux voit l’architecture et l’espace extérieur qui l’accompagne (la maison et le jardin) comme étant deux espaces différents. Si, l’on pense espaces intérieur et extérieur comme étant un seul et même cadre de vie, alors on choisira la conception, le style, les matériaux, le mobilier et les plantes qui seront compatibles aussi bien avec l’intérieur qu’avec le jardin lui-même. Il importe peu qu’une composition soit formelle, asymétrique ou informelle. Ce qui est important, par contre, est de savoir comment utiliser et respecter les matériaux, les plantes, l’eau et les sons et lumières, pour qu'ils soient harmonieux les uns avec les autres, le tout avec le jardin dans sa globalité et avec l’environnement qui le contient, ainsi on peut garantir une conception complète et cohérente. Il est irréfutable que l’architecture et l’espace vert qui la contient doivent être étroitement liés, tant visuellement que physiquement, c’est là l'idée que le jardin doit être considéré comme étant un espace à part entière. Comment cet espace sera utilisé et arrangé sera décidé par la personnalité et les besoins de ces utilisateurs ; l’intégration de cet espace dans le paysage environnant sera une expérience d'accomplissement. Le rôle du paysagiste est d’assurer que l’on ait les composantes et les détails correctement, de façon à répondre aux besoins de ces mêmes utilisateurs et de concrétiser leurs propres idées. Une fois que le mécanisme est compris, le reste suivra naturellement.

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